Hannya – 般若

Hannya – 般若

Le hannya est l’un des designs les plus reconnaissable du tatouage japonais, mais peu de gens connaissent sa signification.

Le masque hannya a été créé au 14 e siècle pour le théâtre. Le théatre Noh est l’un des plus vieux arts théâtraux toujours performé aujourd’hui. Historiquement, seuls les hommes avaient le droit de jouer dans les pièces de théâtre. Ainsi, plusieurs masques ont été fabriqués pour représenter différents personnages (masculins, féminins, animaliers, etc.) Les femmes ont commencé à pouvoir faire du théâtre professionnel seulement qu’en 1948.

Dans le théâtre Noh, le hannya représente une femme tellement jalouse qu’elle se transforme en démon. Le masque hannya est façonné pour qu’il soit à la fois démoniaque et tourmenté. En effet, lorsque l’acteur penche la tête vers l’avant, les traits du masque donne l’impression que le hannya est triste, tandis que lorsque l’acteur garde la tête droite, le hannya a l’air enragé. Avec un seul masque, l’acteur peut donc représenter plusieurs émotions.

Il a deux cornes, une large bouche, des crocs et un air inhumain. La couleur des masques a aussi une signification précise : le masque blanc est utilisé pour représenter une femme de la noblesse tandis que le rouge représente une femme d’une classe plus basse. Le rouge est aussi la couleur classique des démons dans la mythologie japonaise.

Le masque de hannya a été créé pour représenter une complexe émotion bien précise : la jalousie d’une femme. Au Japon, avoir des cornes est synonyme de rage! C’est donc très ancré dans la culture japonaise qu’une femme a des cornes lorsqu’elle est jalouse et enragée. Tellement que, lors d’un mariage traditionnel Shintoïste, la femme porte un voile spécifique appelé tsunokakushi qui se traduit comme : « cache-corne ».

Symboliquement, il a deux significations dépendamment des maîtres :

  • Il exprime comment quelque chose d’aussi beau que la beauté d’une femme peut devenir quelque chose d’aussi terrifiant.
  • Le fait de se tatouer un démon a un effet protecteur. Par conséquent, le tatouage d’un hannya agit comme un talisman et fait peur aux mauvais esprits, un peu comme la gargouille pour les églises gothiques.

L’histoire la plus connus du hannya est celle de Kiyohime :

La belle Kiyohime tomba amoureuse d’Anchin, un moine itinérant qui venait visiter son village depuis sa tendre enfance. Anchin s’est amusé à promettre à la fille qu’il l’épouserait dès qu’elle aurait atteint l’âge. Mais en réalité le moine n’était qu’un coureur de jupon qui profitait de la naïveté des femmes. À son anniversaire, le moine lui dit que ce n’était qu’une blague et qu’il ne l’épouserait pas. Kiyohime devint folle de rage et elle se lança à sa poursuite. Elle finit par le rattraper au bord de la rivière Hidaka, mais Anchin s’empara d’un bateau et s’enfuit. Kiyohime tenta de traverser la rivière à la nage. Sa colère était si intense que, pendant la traversée, elle se transforma en un énorme serpent avec le visage d’un hannya. Lorsque Anchin vit cela, il se réfugia dans un temple. Il chercha secours auprès des prêtres qui tentaient de le dissimuler sous la cloche en bronze du temple. Toutefois, le serpent Kiyohime le senti et s’enroula autour de la cloche. Elle se mit à cracher du feu jusqu’à ce que la cloche de bronze fonde. Kiyohime tua ainsi le moine qu’elle avait tant aimé et disparaît elle aussi dans les flammes.