Jack (Horimouja) Mosher – Mon backpiece fait en 2 mois

La première fois que j’ai visité une convention de tatouage était en 2007 à Montréal. J’y ai passé des heures et j’ai dépensé tout l’argent que j’avais pour acheter deux livres par Horimouja:

  1. 100 Japanese Tattoo Designs part II
  2. Bloody Japanese Prints

Ils m’avaient couté 300$ ce qui était énorme avec mon petit salaire d’emballeur à temps partiel chez IGA. J’ai passé des jours à l’étudier et à le regarder et c’est à ce moment que j’ai décidé qu’un jour j’allais me faire tatouer par Jack Mosher.

J’ai donc fini par prendre un rendez-vous dans son studio à l’époque : Body Armor Tattoo à Kalamazoo au Michigan. C’était un voyage de 12 heures que j’ai fait avec ma copine, Virginie et mon ami d’enfance Patrick. Un road trip pour aller me faire tatouer par mon idole! J’étais excité et nerveux.

Je voulais un tigre sur les côtes avec un lapin. Arrivé à mon rendez-vous, j’étais surpris qu’il n’eût pas préparé de dessin. Il m’a expliqué qu’il faisait tout free-hand. Il a donc pris un sharpie et s’est mis à dessiner sur mes côtes. J’étais émerveillé de voir quelqu’un travaillé sans stencil. Je connaissais son talent en dessin alors je n’étais pas stressé et je lui faisais entièrement confiance. Je me suis fait tatouer deux jours de suite et le résultat était époustouflant.

J’ai beaucoup apprécié ce temps au Michigan à regarder ce que Jack faisait et à discuter avec lui. J’ai compris que je pourrais en apprendre beaucoup sur le tatouage japonais avec lui. J’ai donc décidé de lui faire faire mon backpiece.

Je suis resté en contact avec Jack pour apprendre que par chance, il déménageait à Érié en Pennsylvanie et donc il se rapprochait de moi (à 8h de route au lieu de 12h)! On a donc cédulé de se rencontrer pour commencer mon dos. Arrivé à mon rendez-vous à Érié, j’hésitais entre me faire un backpiece de Taira no Tomomori, le valeureux samurai, ou Shuten Doji, le roi des démons. J’ai laissé Jack décidé et il a choisi Shuten Doji car c’est un sujet beaucoup moins commun!

Grâce à Shuko, sa femme d’originie japonaise, il a incorporé pleins d’éléments en lien avec l’histoire de Shuten Doji à mon backpiece. Il y a donc beaucoup de symboles cachés : 

  • Dans la hache, on peut lire le caractère 亡者 qui se prononce ‘’Mouja’’, comme le nom à Jack Hori-mouja, qui signifie mort-vivant. Il a donc laissé sa signature dans mon tatouage.
  • Il porte des peaux de tigre à ses épaules car Shuten Doji devait sortir à l’heure du tigre (entre 3h00 et 5h00 du matin) car selon le système traditionnel d’heures japonaises, le tigre sortait à cette heure pour tuer ses proies.
  • Certain de ses bijoux sont des fleurs de lys en référence à mes origines québecoises.

Mon backpiece a vraiment été fait en 2 mois et demie, malgré le 8 heures de route qui me séparaient de Jack. Ce qui prouve que quand on est motivé, on peut faire n’importe quoi! Jack partait vivre en Californie car il avait eu un poste pour travailler à High Voltage (le studio de Kat Von D), ainsi on était limité dans le temps.

Chaque semaine, je partais vers 18h00 le dimanche soir après mon shift au studio de tatouage, pour conduire jusqu’à Érié en Pennsylvanie, pour me faire tatouer pendant 2-3 jours consécutifs. Je me faisais tatouer lundi, mardi et mercredi. Et je repartais le mercredi soir pour être de retour jeudi matin au travail et commencer mon shift de tatouage. Pour ceux qui se demandent pourquoi je n’y allais pas en avion, sachez que je n’avais tout simplement pas les moyens de me payer l’avion. Je préférais mettre mon argent dans mon tatouage et dans mon apprentissage que dans le confort d’un avion. Au final, j’estime que Jack a mis une soixantaine d’heures de tatouage dans mon dos dans ce 2 mois!

En plus de me faire tatouer, j’ai passé beaucoup de temps à dessiner et parler avec Jack. Il a la plus grande collection de livre d’art japonais que j’ai jamais vue. J’ai passé des heures à consulter ses livres et il m’en a même donné un. On dessinait jusqu’à tard le soir, il m’expliquait des concepts et il m’a appris beaucoup de techniques. Tout ce temps vaut de l’or et j’en suis très reconnaissant d’avoir eu cette chance.